TRAVERSéE FLUX 
ORAGE 
ATTERRISSAGE 
CARAPACE
On nous a volé nos titres devant l'église de la madeleine. Ça a rendu les gens complètement fous, ils se sont arrêtés dans cette rue, aucun véhicule ne pouvait passer. Une masse de gens fous face à l'église, une masse de gens qui bougent comme des aimants fous, qui s'attirent, se collent et se repoussent. Ils constituent une flaque compacte et gluante qui se déplace doucement, heureuse et euphorique. Une matière tellement instable mais dont la grande viscosité amène un summum de stabilité. Ils bougent et se frottent. Ils dansent déchainés sur des titres volés. Quatre se détachent. La masse crie "tous ensembles". Elle crie "pour un million d'euros, un million d'euros pour Battant". Elle crie "you and me together fighting for love". Elle crie si faux d'un timbre soûl. Les basses résonnent dans ses poitrines, les poitrines et les jambes de la masse. D'autres se détachent à leur tour, ils déambulent, l'air sérieux et fiers, des blousons noirs à l'inscription "SECURITE" au dos. Toute la rue sent la clope et toute la rue s'applaudit. Derrière leurs fenêtres murées, derrière leur pont, ils essaient de s'endormir en vain, alors comme aimantés eux aussi, ils s'accrochent à la masse. Et s'élève une voix commune : "I will be there".