TRAVERSéE FLUX 
ORAGE 
ATTERRISSAGE 
CARAPACE
Il y avait la maison, il y avait cette maison que je connais, cette maison dans laquelle j'ai habitée et il y avait ces gens, ces gens proches, ma famille, ma vraie famille ou ces amis qui sont tout comme.
Je me trouvais autour de la maison, dans un bâtiment qui n'est pas la maison même, mais un entrepôt autour, un des endroits où l'on range les affaires, les outils, les souvenirs. 
J'étais dans un de ces espaces, et je découvris un nombre anormal de guêpes et de nids collés sur les poutres et les plafonds du bâtiment. D'habitude j'en croise quelques unes en cette saison, mais là c'était l'invasion. Je devais m'occuper de tous ces nids de papier alvéolé, de toutes ces guêpes, il y en avait partout, et la famille - comment dire - ne semblait pas s'en soucier. La famille minimisait l'invasion. Le problème c'était l'invasion et les piqûres induites de plus en plus nombreuses.
Je ne sais plus tout à fait comment je m'y suis pris, mais je me souviens que ce que j'ai entrepris avait une certaine efficacité. En tout cas au départ, c'est ce que j'ai cru. 
Armé d'un manche à balais, je longeais le plafond pour en arracher les nids. J'essayais de me convaincre qu'en détruisant les nids, il n'y aurait plus de guêpes, et que sans guêpes, il n'y aurait plus de nouveaux nids. Je me rappelle aussi que lorsque je procédais à ces assauts, je me faisais piquer, et que c'était très douloureux. Les piqûres de guêpes m'ont toujours provoqué des douleurs aigües. Je m'oubliais dans le geste en m'accrochant à cette croyance, à cet espoir : "sans nid, les guêpes ne pourraient tenir".
J'ai répété cette opération plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être - je ne sais plus. Cela n'a pas d'importance, mais sur ces plusieurs jours, semaines, ou mois de lutte; les guêpes n'ont pas flanché. Tout au contraire, c'est moi qui me transformait doucement en une sorte de clafouti, de clafouti de piqûres si vous n'aviez pas compris. Les nids ne cessaient de se multiplier malgré leurs destructions journalières, et la colère de leurs habitantes augmentait à chacune de mes venues, plus offensives chaque fois. Je faiblissais dans la bataille. Je n'ai pu identifier mon erreur de raisonnement, cela n'a plus d'importance. Je faiblissais dans la bataille, et ce qui me rongeait le plus, assez clairement, ce n'était ni les piqûres, ni ma peau devenue clafouti. Ce qui me rongeait le plus c'était ma solitude face à elles. Ce qui me rongeait le plus c'était l'indifférence de la famille.