TRAVERSéE FLUX 
ORAGE 
ATTERRISSAGE 
CARAPACE
23h18. Deux minutes. Peut-être dix ou vingt mètres. 
Entièrement trempée sur toute la face avant, les morceaux de mon visage, de mes cheveux qui dépassent essaient de retenir toutes ces gouttes, d'en faire des flaques. Des flaques à la verticale. 
Si vite, trempés. Tous trempés. Nous sommes face au snack qui vend des énormes burgers, alignés côte à côte, nos chaleurs corporelles se dégagent, se mêlent les unes aux autres, sans nous connaître nous nous tenons chaud. La pluie continue, nous nous serrons pour tenir sous l'abri. J'espère vite sécher. 
En face, un homme attend son sandwich, son chien dans un caddie. Un deuxième homme vient s'abriter dans le peu de place qu'il reste. Il hésite. Il ne sait pas quoi manger. Il faisait déjà nuit, mais maintenant il fait sombre, très sombre, comme si la seule lumière qui restait était celle du snack. Ils se collent à elle, appâtés, tard dans la nuit, ils dansent comme des mouches, en mouvement latéral, de l'abri jusqu'au snack. 

Les pantalons nous collent aux cuisses. Il commence à faire froid. Il fait froid. Mais nos corps, nos cuisses en particulier rendent l'humidité agréable. Pas tout à fait chaude, mais pas glacée. Une température humide. Humide et de plus en plus agréable. La pluie s'est presque arrêtée. Nous ne sommes plus que trois sous cet abri. Je me rends compte que je suis seule à être trempée. Aussi trempée je veux dire. Seule sous cet abri à ne pas danser.