Il y a des lieux qui sont ainsi, des lieux particuliers qui révèlent, qui accélèrent et ralentissent, qui tordent, des lieux qui te tordent, qui te changent. Nous ne sommes plus tout à fait des enfants, sans toutefois pouvoir espérer atteindre la stabilité de l'age adulte, sans toutefois désirer l'atteindre non plus. Tout est plus que jamais une affaire de formes, ou peut-être plus précisément encore de changements de formes. Réussir à se mouvoir, protéiforme, éviter de se disloquer : un programme qui n'a rien de préprogrammé. Nous ne sommes plus tout à fait des enfants, mais ne sommes pas encore tout à fait des machines. Nous sommes de cette génération qui dit non aux choses en tournant la tête quasi silencieusement, ou qui les reprend en essayant de les reformuler encore et encore, de tenter de les dire simplement, avec la conscience de ses parts d'impuissance et de puissance mêlées. Au fond ces choses nous affectent, nous combattons juste différemment, car traversés systématiquement par du renoncement et de la nécessité. Tandis que l'espace des possibles se détend, se disloque ; sous l'aridité du soleil, ou la pluie qui ne cesse, il arrive que de nouveaux lieux apparaissent. 
Des lieux particuliers qui révèlent, qui accélèrent et ralentissent, qui tordent, des lieux qui te tordent, qui te changent.