TRAVERSéE FLUX 
ORAGE 
ATTERRISSAGE 
CARAPACE
Les murs suintent, la mousse s'agrège à eux comme de la moquette qui émergerait. Quelques gouttes tombent sur des carcasses métalliques produisant quelques notes par ci par là. On se croirait dans une œuvre de Cage qui vit avec peu de notes. Nos nez respirent cette odeur de ruine si caractéristique, de ruine qui s'étiole, qui résiste comme elle peut à la puissance chaotique des arbres. Je veux dire tout simplement que la forêt consomme le bâtiment, et que ce processus est d'une lenteur irréversible.
A l'intérieur, tout relatif de l'enceinte, des tas de débris, d'objets abandonnés, de matière organique jonchent l'espace. 
Nous nous trouvons dans une grande proximité les uns des autres, sans doute car il y a quelque chose d'impressionnant et d'inquiétant à se tenir debout et droits au milieu de tout ça. Quelques minutes auparavant certains et certaines d'entre nous ressentaient un besoin de solitude, débordant sur l'ensemble du groupe, et sans doute provoqué par la promiscuité du trajet aérien. Mais maintenant, nous sommes rassurés d'être ensemble. Nous sommes comme en équilibre. Personne n'ose prendre la parole, baignant dans une sale et belle atmosphère. Nous sommes comme happés par l'endroit, son esthétique chaotique, avec sa part d'ordre que les murs épais de béton tiennent encore. Oui on sent que juste là derrière eux, la forêt presse, pousse, s'immisce, cherche les interstices. Chacun et chacune en prend mesure à sa manière. Cet instant est fort, cet instant nous lie peut-être une dernière fois avant de poursuivre l'exploration en groupes restreints.